Oeillet
Contenu
- Médias
- Titre
- Oeillet
- Description
- Composition organisée autour d’un axe diagonal et deux lignes parallèles. Fleur qui suit l’axe diagonal, formée par une tige droite flanquée par deux feuilles qui partent de la base pour atteindre les pétales ainsi que deux petites fleurs qui sortent de la base de la tige. Toute la composition est symétrique. Les coins libres sont occupés par deux bandes bleues et un quart de circonférence jaune qui, reliées aux carreaux voisins, dessinent une circonférence englobée dans un polygone régulier. Ce carreau est souvent utilisé dans des jeux de fond, et l’assemblage de quatre carreaux forme une disposition radiale de quatre œillets. En Méditerranée occidentale, l’œillet est un motif de la production céramique du premier baroque. Ce modèle apparaît dans les ateliers catalans et il est repris rapidement par les ateliers valenciens qui ont disputé traditionnellement l’origine de cette composition. C’est Batllori qui signale l’origine catalane de cette composition en arguant de sa présence dans des populations valenciennes proches à la frontière catalane. À Valence, ce modèle est fabriqué depuis la fin du XVIIe siècle mais il est possible de penser à sa continuation les premières décennies du XVIIIe siècle, avant l’irruption de la production valencienne de grand format. Ce premier modèle donne naissance à des variations, très communes et appartiennent répandues, à la qui production valencienne du premier baroque. Le motif de l’œillet s’est généralisé dans l’ornementation contemporaine à partir de l’art textile ottoman, recueilli par la gravure et par le textile italien et allemand depuis 1600. Ce motif est présent dans les poncifs de l’architecture de Valence de la seconde moitié du XVIIe siècle. Ces poncifs surmontent les frises de revêtement céramique. La relation poncif/carreau de céramique apparaît dans d’autres motifs et cela fait penser à des dessinateurs communs. Cet œillet n’est pas apparenté à l’œillet de la production de reflet métallique de Manises du XVIIIe siècle qui se montre en bouquets fleuris et irréguliers. Ici nous sommes devant une fleur géométrique, symétrique et répétitive, avec un critère d’identité industrielle. Il existe encore une variation composée par des œillets quadruples mais celle-ci n’est pas reprise par la production tunisoise. En suivant Pérez Guillén, il est possible de conclure que, si la technique et le chromatisme de la production valencienne du XVIIe siècle ont une origine ligure qui finit par s’imposer avec leur naturalisme baroque aux répertoires des compositions « serlianos » de Talavera, le motif de l’œillet révèle l’influence du langage ornemental ottomane. Les carreaux catalans, avec des mesures de 13 et 14 cm environ, se trouvent dans plusieurs villes de Castellón comme Sant Mateu, Traiguera, et Vinaros ; à Palma de Mallorca dans le monastère de Santa Clara, la collection du Musée Diocesain, la collection de la Societat Arqueològica Lul.liana, la paroisse de Porreres, la Cartoixa de Valldemossa entre autres ; à Buenos Aires (Argentine) ; à La Habana (Gabinete de Arqueología, sans numéro d’inventaire, exemplaires qui datent de 1735) ; et à Constantine. La Tunisie était aussi une destination habituelle de l’exportation catalane et valencienne. Des carreaux valenciens importés en Tunisie sont reproduits par Loviconi qui propose une origine italienne et date cette composition du XVIIIe siècle et identifie ces pièces comme tunisiennes provenant de Gammarth ou Tunis. A leur tour, les ateliers tunisois exportent ces carreaux vers l’Algérie et nous conservons de nombreux exemples tunisiens en Alger et Constantine mesurant souvent 15 x 15 cm. Il s’agit d’un carreau courant dans les demeures citadines en Algérie [une bonne illustration de ce fait est la peinture orientaliste : Ange Tissier, Une algéroise et son esclave, 1860, huile sur toile conservé à Paris au Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie ; Giuseppe Aureli, Conversation au harem, Londres, Mathaf Gallery ; Jean Baptiste Huysmans, Au harem, Londres, Mathaf Gallery]. Cette composition est reprise par les ateliers Chemla à Tunis vers la fin du XIXe siècle et elle a survécu dans les ateliers de Nabeul jusqu’à nos jours, dans la production appelée « Vieux Tunis », soit en respectant les proportions et le dessin d’origine dans des pièces de remplacement utilisées lors des travaux de restaurations soit avec des variations sur la composition d’origine pour sa commercialisation. Cette composition était aussi inclue au catalogue de l’atelier « J. Leclerc » de Martres-Tolosane au XIXe siècle pour son exportation vers la Tunisie. De même, les ateliers de Desvrès (Pas-de-Calais) fabriquaient ce modèle qui était présent dans le catalogue de Fourmaintroux Courquin, une maison qui exportait une bonne partie de sa production vers la Tunisie et l’Algérie mais aussi vers l’Amérique du Sud. Des exemplaires des ateliers de Desvrès se trouvent au nº 46, rue Montplaisir, Toulouse. Tout cela nous parle de la réussite de cette composition sur le marché tunisien. Aujourd’hui en Espagne, ce modèle est proposé par plusieurs ateliers céramiques d’artisanat et industriels sévillans.
- Période
- Régence ottomane de Tunis
- Date de création
- Fin du XVIIe siècle - XVIIIe siècle
- Références bibliographiques
- CLARA ILHAM ÁLVAREZ DOPICO, Qallaline. Les revêtements en céramique des fondations beylicales tunisoises du XVIIIe siècle, thèse de doctorat, Université Paris IV – Sorbonne, 2010, pp. 533-535, n.º 50, « Oeillet ».
- Zohra Aissaoui, Carreaux en Algérie, 2003, p. 93, propose une origine italienne.
- Géneral André Broussaud, Carreaux de faïence dans l’Afrique du Nord
- Couranjou, Carreaux de la Régence turque d’Alger.
-
Alain Loviconi, Faïences de Tunisie, 1994, p. 126, fig. 2, qui propose une origine italienne et date cette composition du XVIIIe siècle.
- Melliti, Céramique dans la médina de Tunis, 2009, p. 25, nº CQ 63, « origine turco-persane ».
- Jacques Revault, Palais et demeures de Tunis (XVIIIe et XIXe siècles), 1971, figs. 100 et 128.
- Vanités de faïence, 2001, pl. 6, E, 15 x 15, « fréquent à Alger et à Constantine ».
- Lieu de conservation
- Palais du Bardo. Musée National de Préhistoire et Éthnographie
- Dār ʿAzīza
- Palais du Bey
- Mosquée Ibrāhīm Tarbāna
- Maison Patrimoniale de Barthète-Boussan
- Mosquée Quyi
- Mosquée ʿAbd al-Baqi aš-Šurgagi
- Bayt Kritliyya
- Bayt Zeineb Hatum
- Dār Ḥammuda Bāšā
- Sidi Qacem al-Jalizi
- Turbat al-Bey
- Palais du Bardo
- Dār Šerif
- Manifest IIIF